Définition de ADONNER (S')

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-do-né

DÉFINITIONS

1
Se livrer, s'appliquer à quelque chose avec ardeur, habituellement. S'adonner à l'étude, aux plaisirs. S'adonner à boire.
Il s'adonnera aux exercices de la religion sans en négliger aucun
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 97
Les exercices auxquels ils s'adonnent
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
La jeunesse ne s'adonne plus aux lettres
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. XI
2
Fréquenter habituellement. S'adonner à une société, à un lieu.
3
Ce chien s'est adonné à moi ; m'ayant rencontré par hasard, il s'est attaché à moi.
4
Se diriger, en parlant d'un chemin, d'une chasse, etc.
Le seigneur de Thouars mandait à celui d'Oiron, qu'il chasserait un tel jour dans son voisinage, et qu'il eût à abattre une certaine quantité de murs de son parc, pour ne point trouver d'obstacles, au cas que la chasse s'adonnât à y entrer
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 75, 223
Est-ce jamais par là que son chemin s'adonne ?
de LA CHAUSSÉE dans Préjugé à la mode, I, 6
5
Adonner, Nature : v. n. Sémantique : Terme de marine. Devenir plus favorable, en parlant du vent qui était contraire.

REMARQUE

1
Quoique l'Académie n'indique que le verbe réfléchi s'adonner, il semble qu'on pourrait très bien dire, comme dans le XVIe siècle, adonner son coeur, son esprit, etc., à une chose.

SYNONYME

1
SE DONNER à, S'ADONNER à. Se mettre à un certain genre de travail. Se donner à l'étude, c'est s'y livrer sans réserve ; s'adonner à l'étude, c'est simplement s'y appliquer. Il y a donc une nuance entre ces deux expressions ; et la première est plus forte que l'autre.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Le jeune Edouard, qui fut depuis roi d'Angleterre, s'adonnoit plus et s'inclinoit de regard et d'amour sur Philippe [fille du comte Guillaume] que sur les autres
de Jean FROISSART dans I, I, 15
Adonné à tous les plaisirs
de Philippe de COMMINES dans V, 18
2
XVIe s.
Mais Dieu ce bien ne m'a donné Que vostre chemin adonné Se soit icy....
de Clément MAROT dans II, 110
Fut l'humain genre asprement estonné, Et tout le monde à l'horreur adonné [en proie]
de Clément MAROT dans IV, 22
Sçavoir voulut toutes sciences bonnes, Et qui est celle à quoy tu ne t'adonnes
de Clément MAROT dans IV, 199
Encore que mon feu pere eust adonné tout son estude à ce que je prouffictasse....
de François RABELAIS dans Pant. II, 8
Quant à la congnoissance des faictz de nature, je veulx que tu te y adonnes curieusement
de François RABELAIS dans Pant. II, 8
A raison de quoy il le fault tousjours addoner [l'entendement] à ce qui est le meilleur
de Jacques AMYOT dans Péricl. I
Ils s'addonnent aux exercices que plus vous honorez
de Jacques AMYOT dans Cat. 15
L'estude de la philosophie à laquelle il s'adonna
de Jacques AMYOT dans Pélop. 4
On peut affermer, quand ils s'adonnent à bien, qu'ils sont excellents
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 85
Pour sauver quelques maisons de gentils hommes et Gergeau, si le besoin s'y adonnoit
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 191
Afin aussi d'adonner nos coeurs à l'amour d'icelle [justice] et à une haine d'iniquité....
de Jean CALVIN dans Inst. 273
Qu'on suive hardiment l'esprit, lequel ne demandera rien de mal, moyennant qu'on s'adonne à sa conduite
de Jean CALVIN dans ib. 470
Il ne laissoit pas de prier au milieu de la multitude, si l'opportunité s'y adonnoit
de Jean CALVIN dans ib. 709
Pour s'adonner du tout à la devotion
de Michel de MONTAIGNE dans I, 113
J'ay veu nos princes s'y adonner depuis en personne [à l'exercice louable de la comédie]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 198
Son chemin s'adonnant au travers d'une eglise, il ne passoit jamais qu'il....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 403
Si quelque serviteur s'y adonne [s'attache à lui]....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 79

ÉTYMOLOGIE

1
À et donner ; provenç. et espagn. adonar ; ital. adonare.